IA et éducation : fléau ou aubaine ?

Les spéculations vont de bon train concernant l’IA et son progrès à court terme depuis le dépôt de la marque ChatGPT5 par Open-AI. En parallèle, les écoles et universités sont déjà confrontées à des utilisations de ChatGPT qui viennent troubler les évaluations traditionnelles des élèves.

Comment envisager le futur de l’éducation ? Les étudiants n'auront-ils plus rien à attendre d’évaluations et les diplômes n’auront-ils donc plus de valeur ? L’IA est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle pour le monde de l’éducation ?

1 - La situation dans le monde de l’éducation

L’arrivée de ChatGPT dans les cégeps et les universités a provoqué une crise dans le monde de l’éducation puisque beaucoup de professeurs se sont sentis démunis face à une utilisation rapidement démocratisée chez les populations d’étudiants. Selon leur degré de familiarité avec la technologie, selon leur discipline ou même selon leur mode d’évaluation, les professeurs peuvent avoir un avis complètement différent quant à l’utilisation de ChatGPT en examen. Certaines règles pouvaient parfois paraître incohérentes pour certains étudiants notamment lorsque par exemple ChatGPT pouvait être utilisé pour répondre à des questions à choix multiple, alors qu’en parallèle, l’outil pouvait être interdit pour constituer une aide à la rédaction.

Cependant, il est déjà noté des bénéfices évidents qui font déjà l’unanimité pour l’éducation et la recherche sur 2 applications : 

  • l’aide au diagnostic médical

  • les traductions dans une langue différente

Il semble donc que le corps enseignant mérite davantage de ressources pour se former et s’adapter à la technologie face à une utilisation de plus en plus généralisée de ces outils par leurs élèves. Plagiat ou non, des formations pour un meilleur alignement semblent nécessaires pour saisir les opportunités pour l’apprentissage et aussi pour une plus grande équité dans les évaluations qui intègre également une meilleure fiabilité..


2 - Quelles compétences sont évaluées ?

En effet, l’IA générative permet de répondre à beaucoup de questions et avec les améliorations de ChatGPT, le taux d’exactitude des réponses ne fera que s’améliorer. Il est supposé doubler son niveau d’exactitude (en passant de 40% à 80%). Se pose même parfois la question des compétences que développeront finalement les étudiants s’ils n’ont plus les mêmes efforts à fournir pour mémoriser du contenu, apprendre à commencer une rédaction par eux-mêmes, etc…

Certains détracteurs osent parfois même parler de génération A, comme ‘abrutis’, même si heureusement, malgré ces points de vue fondés sur la peur, on peut vite trouver d’autres points de vue bien plus constructifs…

Malgré les impressionnantes capacités de l’IA générative, il n’en reste pas moins que les compétences humaines alors imitées par ces systèmes se limitent à la génération de contenu qui n’est qu’une moyenne statistique des contenus disponibles pour l’IA. Ainsi, bien d’autres compétences humaines ne sont pas encore modélisées par l’IA.

En effet : la pensée critique, la créativité, la collaboration et tout autant de compétences spécifiquement humaines sont épargnées par l’imitation artificielle que proposent des systèmes comme ChatGPT. 

Et de manière plus importante, ces compétences sont de plus en plus valorisées par le monde professionnel !

3 - L’opportunité en éducation 

Alors si on développe cet argument, le constat semble se porter sur une opportunité de changer les évaluations afin de valoriser davantage des compétences spécifiquement humaines plutôt qu’une capacité à répondre ou à générer du contenu “comme une machine” au sens caricatural du terme.

Certes, il s’agit nécessairement de doter l’éducation de ressources à la hauteur de l’enjeu pour la formation à l’outil, la conception de nouvelles manières d’enseigner, d’évaluer mais aussi de repenser certains objectifs pédagogiques pour intégrer d'avantages les compétences du 21ème siècles qui ne sont pas encore dupliquées par l’IA.

Une telle opportunité pourrait avoir des effets positifs à court, moyen et long terme pour le monde de l’éducation et le monde professionnel : 

  • à court terme, mobiliser les bonnes ressources pour l’éducation permettrait de proposer des modalités d’utilisation de l’IA adaptée avec équité pour les élèves et les enseignants.

  • à moyen terme, renforcer l’apprentissage des compétences particulièrement humaines pourrait s’avérer plus motivant pour les élèves, notamment lorsqu’ils seraient exposés aux descriptions de postes ou même aux retours d’expériences de professionnels leur permettant de saisir l’adéquation entre ces compétences et les besoin du marche de l’emploi.

  • à long terme, les professionnels seraient donc mieux formés sur les compétences humaines valorisées sur le marché!

Donc, la crise du monde de l’éducation peut aussi révéler des failles comme autant d’opportunités d’améliorations. Car oui, à être une machine, la machine est meilleure que l’humain. Si le corps enseignant peut avoir les ressources suffisantes et elles doivent être à la hauteur de l’enjeu avec le temps de formation et de conception nécessaire, le développement de l’IA peut proposer une révolution du monde de l’éducation pour un apprentissage plus motivant, plus adéquat avec le monde professionnel, et qui amène avec son intégration un regard critique sur son usage pour les perspectives futures.

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