IA et vie professionnelle

Nous avons pu lire tant de publications inquiétantes parlant des jobs qui vont disparaître dans les prochaines années avec l’IA ! Cette inquiétude tient une part de légitimité car le travail sera transformé avec l’IA. Mais puisqu’il s’agit encore d’un outil, avec ses propres limites, on peut y voir une transition qui a déjà commencé et qui appelle à une emphase supplémentaire sur ces compétences particulièrement humaines.

Marie-André Desriveaux, spécialiste en orientation professionnelle, nous rejoint pour partager son point de vue expert.

1. Quelles compétences humaines ?

Des compétences qui ne sont pas encore modélisées par l’IA

Comme nous l’avons déjà mentionné dans les articles précédents, alors que l’évolution de l’intelligence artificielle est spectaculaire au sens littéral du terme, c'est-à-dire “sensationnelle”, il convient de faire un pas de côté et de s’intéresser à ses limites.

La puissance de calcul et la masse de données disponibles permettent de gros progrès et l’IA générative se déploie. Mais des formes d’intelligence ne sont pas encore modélisées par l’IA. Une IA ne ressent pas d’émotions même si elle peut les simuler, et n’a pas d’intelligence émotionnelle au même niveau que l’être humain. Son sens de la coopération n’est pas encore imité pour mimer l’être humain.


Les “soft skills”

Il est souvent apparu comme évident que les compétences techniques d’une personne jouaient un rôle clé dans l’évaluation de sa valeur sur le marché du travail. Le savoir-faire est une valeur clé. Ce qui est intéressant, c’est de pouvoir observer la recrudescence des compétences humaines, dîtes “soft skills” dans les descriptions de postes, mais aussi dans l’évaluation des candidats à un nouveau poste. Par ailleurs, depuis plus d’une décennie, l’expert en intelligence émotionnelle Daniel Goldman a montré que l’intelligence émotionnelle est une compétence qui va distinguer un bon leader d’un excellent leader.


Le rôle des émotions dans les compétences professionnelles

Puisque l’IA ne ressent pas d’émotions, elle peut mimer une analyse des marqueurs d’émotions mais une véritable empathie de sera pas vécue à proprement parler par l’IA. Ce type de compétences liées aux émotions peuvent être déterminantes pour se connecter à autrui mais aussi nous permettre de mieux nous comprendre nous-même.

Marie-André Desriveaux explique : “ L’IA est un outil qui joue le rôle d’un assistant performant sur le marché du travail.  Il contribue par exemple à l’automatisation de certaines tâches répétitives, fournit des solutions en temps réel, analyse des grandes quantités d’informations, etc. Avec la venue de cette nouvelle technologie, en tant qu’humain, il faudra développer une plus grande adaptabilité au changement. Notre flexibilité d’agir face aux situations complexes provient de notre capacité à gérer notre niveau de stress ou d’anxiété face à l'inconnu. Reconnaître et gérer nos émotions, autrement dit notre intelligence émotionnelle, est une des compétences essentielles pour s’adapter aux évolutions du marché du travail.  De plus, en étant conscient de nos propres émotions et des besoins de notre entourage, nous pouvons prendre des décisions qui favorisent la collaboration, la confiance et le bien-être collectif.” 

2. Leur pertinence sur le marché du travail

Ainsi donc, l’emphase sur les compétences humaines qui sont rattachées à nos systèmes émotionnels constituent un avantage “par rapport à l’IA”. Alors que nous ne connaissons pas encore les métiers des 10 prochaines années, il y avait la moitié des métiers d’aujourd’hui qui n’étaient pas connus il y a 20 ans. (source). En revanche, les compétences du 21 ème siècle telles que nommées par des experts regroupent entre autres : la pensée critique, la créativité, la collaboration, savoir donner du sens.

Avec les bonnes ressources pour adapter les métiers à une meilleure performance grâce à l’IA en tant qu’outil, tout en restant important sur des tâches à haute valeur ajoutée, le développement des compétences humaines devient bien plus important. Ces compétences étant applicables à la vie courante, on peut considérer encourageant des avancées qui profiteraient davantage à notre vie personnelle. Dans une certaine mesure, l’IA a aussi le potentiel de nous amener à nous connecter davantage à nos émotions pour nous développer et prendre des décisions.

Marie-Andrée Desriveaux, fondatrice de MAD, propose de “cultiver l’intelligence émotionnelle afin de favoriser un meilleur alignement dans la prise de décision de carrière ainsi que l’inclusion socio-professionnelle.” 


Formatrice, conférencière et coach en orientation professionnelle, Marie-Andrée Desriveaux, est membre de l’ordre des Conseillers et Conseillères d’Orientation du Québec (OCCOQ), et diplômée d'une maîtrise en éducation profil orientation. Après plus de 19 ans de pratique en orientation de carrière individuelle et de groupe, Marie-Andrée Desriveaux a créé M.A.D Orientation en juin 2020. Sa méthode d’orientation se base sur une meilleure connaissance de soi par l’expression créative de ses émotions, afin de favoriser des prises de décisions éclairées, en matière de carrière professionnelle.

Précédent
Précédent

Technologie et discrimination : décryptage des biais invisibles et perspectives

Suivant
Suivant

IA et éducation : fléau ou aubaine ?