Régulation de la diffusion d’informations sur Internet… Et pour l’analyse d’informations ?

En l’espace de deux semaines de juin 2023, le monde numérique a connu des changements intéressants concernant le thème de la diffusion d’informations !

Le 9 juin 2023, un texte a été adopté en France pour encadrer les influenceurs avec entre autres une exigence de transparence quand des contenus sont sponsorisés. 

Au Canada, le gouvernement a un projet de loi C-18 forçant les réseaux sociaux à rémunérer les médias traditionnels et les journalistes lorsque leurs articles et reportages sont diffusés sur leurs réseaux. Le 22 juin 2023, Meta (Facebook et Instagram) a annoncé la fin de l’accès aux nouvelles des médias canadiens sur ses plateformes.

Alors que l’on peut se réjouir des mobilisations pour une diffusion d’informations plus saine, qu’en est-il d’une mobilisation à la hauteur pour donner aux citoyens les clés pour mieux apprendre à trier ces informations ?

Photo de Bud Helisson sur Unsplash

Mobilisation grande échelle

Des dizaines d’influenceurs français, avec des centaines de milliers et parfois même plusieurs millions d’abonnés, proposaient donc des contenus sponsorisés sans que cela ne soit mentionné, ou bien des contenus mensongers pour promouvoir des produits, et autres arnaques en tout genre. En France, la loi pour limiter les abus des influenceurs relève non seulement de la transparence sur les contenus sponsorisés mais aussi de limitations concernant les fraudes, abonnements aux paris sportifs, ainsi que d’autres pratiques non éthiques visant à protéger leurs audiences qui serait notamment largement composée de jeunes adultes. Cette loi a été adoptée à l’unanimité par le Parlement français avec donc une mobilisation de toute la classe politique, largement plébiscité par les médias. Un député aurait même partagé son soulagement avec une humilité à priori discrète en déclarant “la fin de la loi de la jungle!”...

Pour ce qui est de l’accès aux nouvelles, le gouvernement Canadien a souhaité protéger l’accès aux informations par des journalistes professionnels issus des médias traditionnels en forçant les réseaux sociaux à payer pour les contenus qu’ils diffusaient de ces auteurs. L’annonce par Meta de la fin de l’accès aux informations des médias sur leurs plateformes a été critiquée de toutes parts par les médias et dans la classe politique, il semblerait qu’à part les conservateurs, il y a eu une solidarité à travers les partis politiques pour favoriser les médias traditionnels canadiens face aux réseaux sociaux.

Il s’agit d’un combat de longue haleine pour les gouvernements. Protéger les audiences en France en s’adressant aux influenceurs français c’est important. Pour autant, qu’en est il des influenceurs étrangers et qui sont suivis par les audiences françaises ? 

Certes les médias traditionnels permettent la diffusion d’articles et de reportages par des journalistes professionnels, mais qu’en est il du reste des informations, et plus précisément de la désinformation sur les réseaux ?

Peut-on mieux protéger les citoyens ?

Même si l’on peut se réjouir d’une mobilisation qui prend en charge les enjeux numériques pour ses citoyens, on peut aussi se poser la question de savoir : que fera-t-on ensuite ? Effectivement, alors qu’une étude Reuters vient de démontrer la dominance des réseaux sociaux comme première source d’informations chez les adultes, il paraît évident qu’il faille favoriser l’accès aux nouvelles et aux informations de qualité. 

Mais l’accès aux informations est aussi celui que l’on lui donne à l’échelle individuelle! Il parait encore plus crucial et bien plus efficace de se mobiliser pour celui-ci. Et si on apprenait à contourner les pièges tendus à notre cerveau sur internet ?

En tant qu’experte en neurosciences et en comportements en ligne, je suis convaincue qu’une clé manque sérieusement d’être exploitée à sa juste valeur : celle de la sensibilisation des pièges tendus à notre cerveau sur internet.


Comprendre les pièges cognitifs sur internet

Par exemple, au-delà de comprendre le modèle de revenus des influenceuses et influenceurs, il apparaît important de sensibiliser les enfants et les adultes aux impacts du biais d’autorité. C’est un raccourci du cerveau qui va nous amener à donner plus de crédibilité à un propos parce qu’il est émis par une personnalité que l’on apprécie ou que l’on admire. C’est important car cela permet de comprendre que lorsque l'on apprécie une personnalité, paradoxalement il faut savoir être encore plus critique des contenus qu’elle diffuse. Cela permettrait de prévenir l’adhésion à des propos frauduleux ou dangereux des influenceuses et influenceurs français et d’ailleurs, sur les réseaux, et au-delà.

Pour les fausses nouvelles, c’est important de comprendre le biais d’illusion de vérité, qui consiste à croire quelque chose, même que l’on peut savoir comme faux au départ, juste parce que c’est répété. On peut aider à lutter contre la désinformation et être plus sceptique en apprenant ces biais et leurs impacts au quotidien. Cela vaut pour toutes les informations, les nouvelles comme les autres, qu’elles soient en ligne ou hors ligne.

Apprendre à détourner les pièges tendus à notre cerveau sur internet permet de favoriser une pensée critique qui protège chaque citoyen contre les arnaques ou contre la désinformation. 

Il me semble que cela est aussi important qu’apprendre à lire ! J’imagine la littératie numérique et l’apprentissage de nos comportements en ligne comme une matière à part entière, comme un apprentissage aussi important que le permis pour conduire, mais accessible pour tous. 

Comprendre notre cerveau en ligne serait une partie de la solution pour la pérennité de notre civilisation à l’ère hyperconnectée. Et cette approche est au coeur de la création d’Humanet !

Pour une vie plus sécuritaire et harmonieuse sur internet, et hors ligne avec un monde plus humain, avec ce qu’il y a de meilleur dans l’humain, notamment sa pensée critique.

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